Qui n’a jamais entendu cette célèbre phrase tirée de la pièce Roméo et Juliette? Le metteur en scène Olivier Lépine a revisité l’œuvre du dramaturge anglais William Shakespeare pour offrir une version dynamique et surtout intemporel. La pièce est présentée du 18 janvier au 12 février au Théâtre de la Bordée.
Cette adaptation entièrement jouée dans la langue classique a de quoi faire rêver les spectateurs pendant plus de trois heures. Malgré que l’histoire originale se déroule à Vérone en Italie, le décor épuré et les costumes de l’adaptation d’Olivier Lépine ne laissant pas deviner l’époque et l’endroit à laquelle l’histoire se déroule permettent d’ajouter à l’intemporalité de l’histoire d’amour des deux protagonistes. Effectivement, oublions les grandes robes et les collants de la Renaissance ou les habits éclatés du film avec Léonardo DiCaprio et Claire Danes, les costumes de la pièce sont essentiellement constitués de complets noirs ou gris pour les hommes et de robes dans les mêmes tons pour les femmes. Steve Gagnon et Alexandrine Warren, les deux comédiens interprétant Roméo et Juliette, insistent sur le fait que cette histoire peut facilement être transposée à différentes époques, « les histoires d'amour se ressemblent toutes dans un sens ou dans l'autre. Si on s'en tient au vif du sujet, à la prémisse de l'histoire; les rivalités entre familles, entre gangs, entre regroupements, sont encore un sujet chaud de l'actualité. L'honneur détient encore, malheureusement, une place importante au palmarès des valeurs sociales. Le suicide est au coeur même de notre communauté, et nous ne semblons pas encore avoir trouver le moyen d'y remédier» appuient-ils. Un défi de taille
Un simple regard lors d’une soirée costumée et le destin tragique des deux adolescents est déjà tracé. Pour Steve Gagnon et Alexandrine Warren jouer les rôles de Roméo et de Juliette, deux nom bien connu du public, est un gros défi : « nous avons toute une pression de donner vie à ces deux jeunes amants si connus du monde entier. Nous savons que l'attente est grande, que les idées préconçues de ce que devrait être Juliette et Roméo existent bel et bien dans la tête des spectateurs» affirme les deux interprètes.
Cet œuvre universelle a su transgresser des centaines d’années et a fait l’objet de plusieurs adaptations tant au théâtre, au ballet, à l’opéra qu’au cinéma. Pourtant, aucun des deux comédiens ne s’est inspiré d’œuvres précédentes pour camper leurs personnages : « Avec Olivier (Lépine, le metteur en scène) nous avons discuté des différentes façons de voir ces personnages. Au final, je crois que nous proposons une nouvelle version, peut-être moins axée sur la jolie jeunesse de l'enfance, mais bien dans la dureté cruelle des espoirs de l'adolescence, dans l'importance de vivre le moment présent» déclarent-ils d’un commun accord.
Du côté des personnages, pour Alexandrine Warren, Juliette est « une femme d'espoir et de désir, sans demi-mesure. Elle représente toute femme, ou même tout homme, qui n'accepte rien par dépit. Qui veut croire en la possibilité de s'abandonner par bonheur». De son côté, Steve Gagnon fait remarquer le côté impulsif de Roméo, « il a la fougue et l'abandon de la jeunesse et l'espoir que ça contient. Il veut Juliette et se fout du reste; des conventions, des barrières, du passé. En même temps, il est doux et sérieux, c'est le plus sérieux de sa gang d'amis. Il est prêt à tout donner, à tout investir pour la femme qu'il aime» confie-t-il.
Les deux comédiens espèrent tout de même que les gens accepteront de voir leur version des amoureux légendaires et ne s’arrêteront pas au langage utilisé tout au long de la représentation. «Il faut arrêter de croire que la langue classique n'est pas accessible. Il faut se laisser porter par l'histoire. Accepter de ne pas tout comprendre. Le théâtre est un bon endroit pour célébrer la complexité de la langue, le moment où l'on se permet de sortir du commun et de donner à des personnages ordinaires, un langage extraordinaire» concluent ensemble les deux comédiens.
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